Une question d'avenir

Je voudrais croire encore que l’être humain est capable d’un sentiment que je n’ai pas rencontré depuis des lustres. Ce sentiment sonne maintenant à mes oreilles comme un rêve. Et pourtant il n’en a pas toujours été ainsi. L’espoir m’a souvent guidé dans mes choix lors de mon enfance et de mon adolescence. Je me rappelle même d’une conversation avec un ami alors que nous avions la vingtaine insouciante sur l’avenir de l’humanité. Nous étions d’un optimisme si grand que j’en ai des pensées nostalgiques. Nous pensions qu’avec les siècles, l’humanité s’assagirait et acquerrait un savoir-faire technologique tel que tout lui serait permis. Elle finirait par trouver dérisoire de s’envoyer des bombes et préfèrerait s’envoyer des colis d’alimentation ou de vaccins. L’éveil de chacun avançant de paire avec la technologie, l’humain utiliserait de plus en plus les capacités de son cerveau. Il se verrait donc doué de télépathie, télékinésie et développerait son instinct jusqu’à la perfection.

Cette projection me paraît aujourd’hui si éloignée de ce qui se passe dans le monde et dans ma tête que j’en viens à me dire que cela devait être une autre personne qui avait imaginé un tel futur.

L’être humain est d’une complexité à toute épreuve. Alors qu’il est capable d’une bonté sans nom lorsqu’il est seul, il se montre souvent cruel en meute. C’est pourquoi, je pense, qu’il est beaucoup plus facile de remettre en cause la façon de penser d’une personne seule que d’un groupe. Je ne doute pas de la bonne volonté des gens sur les questions environnementales. Pris individuellement et en transmettant quelques informations, chacun est suffisamment intelligent pour se rendre compte que l’homme court à sa perte. Par contre, il en est tout autre quand cette même personne est accompagnée. Cela pourrait être de l’hypocrisie, mais l’exemple qui va le suivre semble prouver le contraire.

Lors d’un repas de famille, la question du bio est arrivée sur la table. J’ai appris ce jour qu’il y avait des gens qui étaient contre tout ce qui était bio. Les arguments, pour défendre une chose si incroyable à comprendre pour une personne aussi convaincu que moi sur ce domaine, étaient que tout ne peut pas être 100% naturel dans un produit bio, que les biocarburants nous menaient droit à la famine et que notre seule chance de survie était les Ogm. Bref, n’importe qui se renseignant un minimum ailleurs que sur TF1 est capable de réfuter ces arguments bidons. Nous avons été obligé de changer de conversation car le vinaigre tournait sérieusement. Quelques semaines plus tard, j’ai passé la journée avec une des personnes présentes à ce repas. Cette personne étant importante à mes yeux, je mets un point d’honneur à la sensibiliser sur l’importance de manger sainement pour éviter tous les poisons qui circulent  dans nos assiettes. Quelle surprise j’ai eu lorsque je me suis rendu compte que non seulement elle m’écoutait mais qu’en plus elle renchérissait. Elle avait simplement vu une émission de Yann Arthus-Bertrand entre le repas vinaigré et ce jour. Le simple fait d’avoir vu les horreurs de l’agriculture intensive à une heure de grande écoute sur France 2 l’avait sensibilisé. Toujours est-il que j’en ai donc profité pour la harceler sur les questions qui me paraissaient indispensables qu’elle sache. Depuis elle s’est mise à manger un maximum bio. Et pourtant je suis persuadé que si l’on avait eu cette conversation en groupe, elle n’aurait pas été réceptive malgré l’émission télé.

Ce constat constitue pour moi le premier frein à l’éveil des gens sur leur avenir. Chaque personne doit être prise isolément de la masse pour recevoir un message qui devra être un maximum adapté à ces préoccupations et suffisamment fort pour que lorsqu’elle rejoindra son groupe, elle ne se laisse pas convaincre de faire machine arrière.

Mais quel rapport cela a t’il avec le sentiment d’espoir, me direz-vous ?

En fait, le rapport est à mes yeux énorme.

Pour que l’homme s’assagisse, il faut absolument que la masse devienne intelligente. L’homme étant intelligent isolé et idiot en groupe, pourquoi a t’on choisi un système qui donne le pouvoir au groupe ?

Je pense que l’humanité ne peut trouver sa voie qu’en écoutant chacune des individualités que nous sommes. Bien sûr cela nous paraît impossible aujourd’hui car il faut mener l’intelligence du groupe à celle de l’individu. Mais il ne faut pas oublier que l’on utilise qu’une infime partie de notre cerveau. Aussi je suis sûr qu’en se rapprochant d’un mode de vie naturel qui ne perturberait pas nos sens, nous ouvririons notre horizon à des possibilités inespérées aujourd’hui. La clé serait peut-être la télépathie. Je suis persuadé au fond de moi que l’homme est doté de cette capacité.

Malheureusement, l’Homme a pris une toute autre direction. Il agit comme si il manquait de confiance en lui. Il préfère fabriquer des outils qui finiront par être plus intelligent que lui plutôt qu’améliorer ses possibilités naturelles inexplorées aujourd’hui. Comment peut-on admettre n’utiliser qu’une fine partie de notre cerveau et ne pas s’entraîner à accroître nos possibilités ? Pourquoi a t’on décidé de laisser notre moi à la cave pour sortir au grand jour une foule de progrès scientifiques soi-disant capable de faire mieux que nous ?

Ces questions me hantent de plus en plus ?  L’existence de l’homme ne serait dû qu’à son extraordinaire savoir faire technologique ? Pour quoi faire ? L’homme est-il là pour créer une espèce douée d’une intelligente supérieure à la sienne?

Doit-on choisir la voix de l’humanité ou de la robotique ?

Vraisemblablement le groupe a décidé de donner sa chance à la robotique. Mais qu’en dit l’individualité ?

L’espoir ne renaîtra pour moi que lorsque l’individu aura pris le dessus sur le groupe actuel qui est paralysé par le pouvoir et une responsabilité trop importante. L’humain actuel ne peut concevoir un groupe sans y ériger un leader. Lorsque le groupe sera débarrassé de son leader et que la somme d’intelligence de toutes les individualités sera au commande, alors seulement le groupe sera sur la bonne voie.